Hier, 13 avril 2010, Michel Chartrand est mort.
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Février 2010, Pierre Vadeboncoeur
Septembre 2009, Pierre Falardeau
Novembre 2009, Gilles Carle
Décembre 2008, Hélène Pedneault
Décembre 2007, Jacques Hébert
Décembre 2007, Oscar Peterson
Juillet 2003, Pierre Bourgault
Avril 2002, Sylvain Lelièvre
Février 2001, André D’Allemagne
Juillet 2001, Georges Dor
Janvier 2000, Anne Hébert
Mai 2000, André Fortin
Mai 2000, Maurice Richard
Août 2000, Léa Roback
Mars 1999, Camil Laurin
Novembre 1999, Marcel-Marie de la Sablonnière
Octobre 1998, Pauline Julien
Décembre 1996, Gaston Miron
Octobre 1994, Gérald Godin
Janvier 1993, Simone Monet
Juillet 1990, Gerry Boulet
Décembre 1990, Jean Duceppe
Août 1988, Félix Leclerc
Juin 1988, Fernand Seguin
Novembre 1987, René Lévesque
Novembre 1981, Thérèse Casgrain
Décembre 1980, Jean Lesage
Juin 1968, André Laurendeau
Février 1960, Paul-Émile Borduas
Août 1952, Henri Bourassa
Juillet 1944, Frère Marie-Victorin
Octobre 1943, Saint-Denys-Garneau
Novembre 1941, Émile Nelligan
Cette liste n'est pas exhaustive, mais ce sont toutes des personnes pour qui j'ai énormément d'estime, peu en importent les raisons.
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La mort de Chartrand s’ajoute à la disparition des trop peu nombreuses personnes inspirantes que le Québec a vu passer… Pourquoi ai-je la lourde impression qu’il ne reste plus personne pour nous inspirer en tant que peuple?
C’est vrai qu’actuellement, avec le gouvernement Conservateur à Ottawa et l’arrogant gouvernement Libéral à Québec, il n’y a pas grand chose qui puisse susciter la fierté et le goût de bâtir quoi que ce soit. Nous sommes devenus un peuple vide qui se laisse mener par la corruption, voilà. Nous n’avons plus d’identité; nous sommes en catalepsie en tant que peuple, immobilisés et impuissants devant la rapace qui gouverne.
Pour qu’un peuple puisse s’épanouir, se développer, évoluer, il faut que toutes ses composantes, tous ses habitants aillent dans la même direction, vers le même but. Pour ça, ça prend un leader, une idéologie, de la confiance… Maintenant, nous sommes un peuple de poules pas de têtes qui s’épivardent n’importe comment, sans but aucun, disloquant l’identité rêvée, trahissant ses origines et sa culture au profit d’une poignée de richissimes amis du pouvoir.
Dans les années 1970, j’ai pourtant senti le « possible ». En 76, j’ai milité beaucoup pour le PQ. En 1980 j’ai pleuré le résultat du référendum. En 1995, j’étais déjà plus indifférent. En 2010, je suis une de ces poules pas de tête. Est-ce que j’ai fini d’y croire? Moi aussi? Si moi je n’y crois plus, qu’est-ce que j’ai à me plaindre?
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Pourquoi j’aimais tant Michel Chartrand?
Parce qu’il ne pensait pas qu’à lui. Parce que sa militance était dirigée vers les autres, vers les droits des autres. Chartrand a défendu la cause des femmes, la cause des pauvres, des démunis, des travailleurs, des artistes, des penseurs… Chartrand a défendu le bien commun avec une compréhension réelle de ce que c’était. Il comprenait que le bien commun n’avait rien à voir avec le total des biens individuels…
Chartrand ponctuait ses phrases d’hostie, de câlisse, de tabarnac, de ciboire… mais aussi de solidarité, de justice, d’équité, de liberté… Chartrand osait dire. Il avait la capacité de s'indigner, de se fâcher et il osait aussi assumer. Chartrand croyait en ce qu’il faisait, il se faisait confiance. Moi, j’avais aussi confiance en lui.
Et maintenant?
Je suis une de ces poules pas de tête et je m’épivarde, sans but, avec les autres.