"Surtout, soyez toujours capables de ressentir au plus profond de votre coeur n'importe quelle injustice commise contre n'importe qui, où que ce soit dans le monde. "

Ernesto Che Guevara - 1928-1967




lundi 19 avril 2010

Le cuir et les franges t'allaient bien

Tu es arrivée dans ma vie à la suite d’un coup de tête. Je n’avais pas vraiment réfléchi avant de m’investir avec toi mais à cette époque, j’avais un besoin fou de sentir cette liberté que tu incarnais. Je ne pouvais plus vivre dans la contention de cette relation lourde, nébuleuse, compliquée, dans laquelle je m’étais presque définitivement perdu. Je ne me sentais plus vivre, je sombrais dans les facilités artificielles, j’étais brisé.


À l’époque, tu avais déjà beaucoup d’expérience. Tu respirais la confiance et la puissance sur lesquelles je pourrais prendre appui, du moins pour un temps. Peut-être que j’étais un peu aveuglé par ta force apparente, ta jeunesse non démodée, ton côté rebelle, ta délinquance… Je ne sais pas. Au risque de perdre de ce qui me restait de souffle, je n’ai pensé à rien d’autre et j’ai dit oui. Je pousserais jusqu’au bout, je risquerais ma vie avec toi, j’oublierais presque l’attraction terrestre et me laisserais propulser vers les limites de moi-même, me reposant sur ta fougue.

Le cuir et les franges t’allaient bien. Tu étais belle avec ton petit air narquois, presque fendant, juste assez provocant. Tu étais convaincante tout en ne rugissant pas trop fort, même devant mon manque de tact avec toi. Tu savais bien interpréter mes commandes et malgré mes quelques maladresses, tu savais rester concentrée vers le but que je nous avais imposé. Oui, tu m’as donné la frousse à quelques reprises. J’étais pourtant averti mais la jeunesse que tu faisais rejaillir en moi oblitérait ma raison.

Un matin, j’ai dû me résoudre à te laisser partir. Je t’avouerai que ça m’a chagriné même si j’avais peut-être l’air soulagé. Au-dedans, je savais bien que je devrais un jour te laisser partir entre les mains d’un autre. Parfois, il faut accepter l’idée que le temps du plaisir et des frivolités est révolu. Depuis, je n’ai pas eu de nouvelles de toi. Je ne sais pas où tu es rendue ni ce qui t’arrive. Mais peu importe. J’ai de beaux souvenirs et j’ai toujours gardé ta photo, tu sais, celle que j’aimais bien… J'avoue que tu me manque.


Ma vieille Suzuki GS-850 1983
Vendue en 2003 juste avant la naissance de mon fils

5 commentaires:

Zoreilles a dit…

Tu écris : « Parfois, il faut accepter l’idée que le temps du plaisir et des frivolités est révolu. »

Ouch, ça fait mal, hein?

Ce texte est magnifique, nostalgique aussi, on dirait qu'on se berce en fredonnant une chanson d'amour perdu.

Il aurait pu s'appeler « Liberté chérie »...

Esperanza a dit…

C'est pas si pire... Disons que ça se toffe...

Si j'avais un souhait à faire de ce temps-là, c'est juste d'avoir un job qui me respecte. Pour la rigolade, ça viendrait avec j'imagine !

Pis mon père est hospitalisé depuis ce midi. Il avait eu un "malaise" y a deux semaines et il semble que c'était un infarctus (pas nerveux le vieux). Mais, yé fait fort avec ses deux cancers!

Heille! Faut rigoler pendant que ça passe!

Rosette ou Rosie, c'est pareil a dit…

Il me semblait bien aussi que je te connaissais, Esperanza, du moins dans le monde virtuel! Mais où diable étais-tu passé? Enfin, c'est avec joie que je redécouvre ta plume ravissante, mais avec une grande tristesse que j'apprends les nouvelles sur ton père.
Je pense à toi dans ces moments difficiles et suis muette d'admiration devant cette force que tu as, cet humour dont tu fais preuve devant cette épreuve.

Merci pour ce billet et je seconde notre Zoreilles en ce qu'il aurait aussi pu s'intituler Liberté chérie...

Zoreilles a dit…

Ça ne semble pas trop t'inquiéter, les ennuis de santé de ton père? T'as confiance en un dénouement heureux? Tu dis « y est fait fort », évidemment, le plus fort, c'est notre père, comme le chantait Lynda Lemay. As-tu des nouvelles?

Esperanza a dit…

Il est sous observation et passera des tests aujourd'hui...

Il a tout de même attendu 2 semaines après son "malaise" avant de se pointer à l'hosto... Y é tellement pas nerveux... 79 ans d'expérience...